Courses hebdomadaires au supermarche de la ville [erik]

Et merde… J’avais besoin de manger moi aussi. J’étais furieux. Kathryn n’était pas d’une grande aide, plus ennuyante qu’autre chose et je devais tout faire. Je n’avais pas encore connaissance de ce qui se passait réellement dans cette ville. Je n’avais pas encore rencontré de vampire. L’on devait s’amuser à me faire tourner en rond. Notre motel minable était davantage occuper par les souris, les rats et les insectes que par les humains, ce qui était plutôt gênant. Mon séjour n’était pas réellement ce à quoi j’avais pensé. J’étais venu dans cette ville pour mener une enquête, histoire de me remettre sur pied. J’étais tombé dans un profond coma durant une année entière et en me réveillant je n’étais plus le même. J’étais devenu un autre homme. Avoir peur n’était pas simple pour moi. J’étais venu ici dans l’espoir de me dérouiller, de reprendre mes vieilles habitudes de flic avec une affaire qui semblait assez relaxe. Mais je commence sérieusement à me demander si j’ai bien fait de venir à Desteria.

J’entrais dans cette petite épicerie. C’est le seul endroit jusqu’à présent qui me semble assez normale. Bien qu’elle est pratiquement vide. Visiblement peu de gens viennent faire leur épicerie dans cette ville… Je ne sais pas, je ne comprends pas ce qui se passe, mais j’ai toujours cette impression étrange, de malaise. Je ne me sens pas bien ici et j’ai réellement le pressentiment que quelque chose va se passer. Qu’un danger me guette, quelque chose d’anormal. J’avançais, à la recherche de ce que je pourrais bien nous faire à manger. Je ne sais pas mais j’avais bien l’impression que ce n’était pas l’écrivaine et son caractère de merde qui allait nous venir en aide niveau cuisine ou dans quoi que ce soit. Mais de toute façon, qu’est-ce que cela pouvait bien me foutre, j’allais rapidement trouver un moyen de l’aider à repartir et j’aurais ensuite la paix quoi.

Perdu dans mes pensés, je ne remarquais pas la jeune femme qui observait la viande et ce qu’elle pourrait bien s’acheter. Je ne la ratais pas et je la fis tomber par terre. Heureusement, elle ne s’était pas fait mal. Je m’empressais de l’aider à se remettre sur pied.

« Je suis désolé, vous allez bien? » demandais-je rapidement alors que je l’aidais à se relever. Je ramassais les choses qu’elle avait échappées par la même occasion. J’avais cette fâcheuse habitude d’être assez absent, alors je pouvais créer des situations compliquées autour de moi. J’espérais simplement que je ne lui avais pas fait peur et qu’elle ne comptait pas s’enfuir. Ou encore m’ignorer comme la plupart des gens semblaient agir avec les inconnus. Lorsque l’on avait fait exploser ma voiture, ce caissier dans le dépanneur ne m’avait pas adressé la parole une seule fois et n’avait même pas paru surpris par la situation.

« Vous avez besoin d’aide pour transporter tout ce que vous avez acheter? Vous n’avez pas pris de panier. » dis-je simplement et calmement. Je n’étais pas énerver, et puis si rester un peu avec elle pouvait me permettre d’en apprendre davantage sur la ville, je n’allais quand même pas hésiter. C’était une situation parfaite. Elle me semblait douce et agréable. Je voulais simplement éviter de lui faire peur. J’attendis patiemment sa réponse, ou quelque chose, elle avait peut-être un peu mal, je tenterais de l’aider dans ce cas. Je sais bien que les flics ne sont pas apprécier par tout le monde, mais j’étais quelqu’un d’agréable, et je ne l’étais même plus. Il n’y avait rien qui disait que j’étais policier actuellement. J’étais souriant, agréable. Je pouvais me montrer très chiant, mais je n’avais aucune raison de l’être en ce moment avec elle.

Anna regardait les viandes, plongée dans une grande réflexion. Elle fixait des yeux les gros morceaux qui s’étalaient devant elle, hésitante. Et c’est dans cet état d’esprit que soudain, on la poussa et elle tomba au sol. Sous le coup de la surprise, elle lâcha les fruits et légumes qu’elle avait dans les bras.
La jeune rousse finit par relever les yeux et vit celui qui avait causé sa chute. Il s’excusa tout de suite, en l’aidant à se remettre debout, et Anna ne put que lui adresser un sourire tendre en échange, face à cette gentillesse qu’il était de plus en plus rare de trouver dans cette petite ville.

« Oui je vais bien, merci » répondit-elle à sa question
Elle ramassa deux pêches tombées à terre et grimaça légèrement en remarquant que toutes deux étaient écrasées. Tant pis, pensa-t-elle, ça n’avait pas beaucoup d’importance, il lui restait toujours les abricots après tout. Puis elle l’entendit lui proposer de l’aider à porter ses courses…

« Euhh…oui, si ça ne vous dérange pas…Merci… »

Elle le regarda avec tendresse. Cela faisant longtemps qu’un homme ne lui avait pas parlé aussi gentiment, et encore moins proposé de l’aider. La jeune rousse l’observa un très court instant, elle ne l’avait jamais vu ici et se douta qu’il venait de débarquer à Desteria. Il devait approcher de la trentaine d’années et on pouvait facilement deviner que c’était un homme aux nombreuses conquêtes féminines. Anna lui sourit de nouveau, mais un peu tristement cette fois. La plupart des humains qu’elle voyait en ville avaient le visage marqué par la peur et le désespoir de rester prisonniers ici ; lui était différent, probablement ne savait-il rien, ou pas encore…

« Nouveau ? » lui demanda-t-elle. Bien sûr, la question était complètement inutile ; n’importe qui aurait deviné que le jeune homme l’était. L’interrogation était davantage une formule de politesse, qui visait plus à engager la conversation qu’autre chose.

« Laissez-moi deviner, vous êtes là sans le vouloir. Vous vous êtes perdus peut-être ? »
Nouveau sourire triste, mais à cette question, elle ne le regarda pas dans les yeux. Son regard l’aurait trahie, elle le savait, car elle avait toujours été incapable de mentir. Plutôt que de le regarder, elle choisit sa viande, le plus gros morceau qu’il y ait, de manière à pouvoir nourrir tous les esclaves de Cole…

Une jeune femme bien gentille. Ce fut la première pensée du policier lorsqu’elle se releva, lui offrit un sourire et qu’elle accepta ses excuses. Il fut également soulagé de l’entendre parler. Puisqu’il avait d’abord cru que tous les habitants de cette ville n’osaient pas ouvrir la bouche aux étrangers. C’était frustrant de penser que c’était une ville tout de même assez touristique quand même. Non, elle lui semblait tout ce qu’il y avait de plus normal. Il fut tout de même rassuré de ne lui avoir causé aucun mal. Il s’était perdu dans ses pensées et dans ses cas là il savait très bien qu’il pouvait devenir un véritable danger public. Et comme preuve, il venait de renverser une jeune femme. Mais tout allait bien, c’était le principal après tout. Elle sembla toutefois ravie de sa proposition de l’aider à porter ses affaires. Il en fut réellement bien heureux, cela allait peut-être lui permettre de s’enquérir un peu au près d’elle à propos de cette ville et des évènements qui s’y passaient. Disons qu’il savait bien peu de chose, mais que pour le moment il la trouvait simplement fortement étrange et intrigante.

Alors qu’elle l’observait, il la détaillait également. Aucune méchanceté, fut certainement la première chose qui traversa l’esprit de l’ancien policier. Cette jeune femme ne pouvait tout de même pas être mêlée à ce qui se déroulait ici, il n’y croyait pas. Mais il devait toutefois rester sur ses gardes, le coma ne l’avait pas rendu naïf quand même. Il restait prêt à toute éventualité, mais il n’avait pas besoin de jouer les agresseurs avec elle. C’était une femme très douce, l’air assez jeune. Il ne savait pas quel âge elle pouvait avoir mais elle ne dépassait pas vingt-cinq ans c’était évident. Il ne savait pas à quoi elle pouvait bien penser en ce moment, mais si il l’avait sut cela l’aurait certainement bien amusé. Aux nombreuses conquêtes féminines. Il ne pouvait pas appeler ça exactement comme cela. Disons que son physique en avait attiré plus d’une. Mais sa vie en avait voulu autrement. Il s’était tellement consacré à son boulot que le simple fait de songer à une relation stable lui était impossible. Et puis, lorsqu’une femme lui plaisait et qu’il ouvrait simplement la bouche, il perdait toute notoriété.

Elle lui demanda alors si il était nouveau dans la ville. Il hésita un instant sur la bonne réponse à donner. Il était effectivement nouveau, mais elle n’avait pas à savoir qu’il était venu faire sa petite enquête. Ou bien au contraire il ferait mieux de lui dire, qu’il était flic, de la mettre en confiance et de lui expliquer qu’il faisait des recherches sur Desteria. Non, et après tout il n’était plus réellement flic, la décision était facile à prendre.

« Oui, je suis venu visiter la ville, prendre un peu de repos. » commença-t-il alors qu’elle ajoutait autre chose. Disant qu’il était certainement perdu ou ici sans le vouloir. Il pencha un peu la tête d’un air intrigué. Pourquoi semblait-t-elle si persuadée qu’il n’était pas ici de son propre chef? C’était intéressant ça.
« Non … je suis venu parce que je le voulais bien, ensuite repartir est un problème puisque l’on a fait exploser ma voiture… » dit-t-il d’un air légèrement agacé. Oui sa voiture… C’était bien la cerise sur le gâteau. Si il avait sût que sa bagnole risquait quelque chose il serait venu en autobus.

« Mais pourquoi dites-vous cela? Les touristes sont les bienvenues il me semble… » demanda-t-il d’un air intrigué. Et il n’avait pas à jouer la comédie. Cette ville était décrite comme un endroit relaxant, idéal pour les gens stressés qui recherche un peu de calme. La ville étant très douce et coupée de la civilisation, c’est parfait pour se retrouver en douceur. Voilà. C’était vrai, en quelque sorte. Mais certains endroits semblaient abandonnés, ce qui n’était pas du tout le cas sur la brochure de la ville. Visiblement il se passait quelque chose ici, et l’ancien policier était bien décidé à comprendre…

Alors comme ça, s’il était ici, c’était pour des petites vacances…Il devait donc être là depuis peu de temps s’il n’avait rien remarqué d’étrange dans cette petite ville. Puis après il lui expliqua que sa voiture avait été détruite, un sabotage qui n’allait pas le faire rentrer chez lui avant un long moment…un très long moment. Jamais à vrai dire, mais à vrai dire, ça il ne semblait pas encore bien conscient. Anna n’eut en aucun cas l’air surpris d’apprendre pour son véhicule. En fait, elle se doutait même qui était l’auteur de l’explosion. Sans regarder le jeune homme, elle fit plutôt mine de s’intéresser au morceau de viande emballé qu’elle avait choisi.

Elle l’entendit alors lui parler du caractère attractif de Desteria et se rendit compte, vu son air perplexe, qu’elle avait commis une erreur dans ce qu’elle avait dit. C’est vrai que beaucoup d’informations circulaient à l’extérieur de la ville au sujet de l’endroit, des informations pour la plupart contrôlées par le maire et son équipe un peu particulière. C’était comme ça que de nouvelles victimes étaient attirées dans ce lieu dont personne n’était jamais sorti vivant.

« Oui, c’est vrai. Vous avez raison »
Sa voix n’était vraiment convaincue, elle s’en rendait compte. Au fond, peut-être devait-elle prendre un risque et lui expliquer ce qu’il se passait réellement ici. Ca lui permettrait peut-être de ne pas se faire avoir par d’autres habitants peu fréquentables et de rester en vie plus longtemps. La jeune femme évita pendant un temps le regard de son interlocuteur et se dirigea vers un nouveau rayon du magasin. Le plus grand rayon d’ailleurs. En effet, sur plusieurs mètres de long, on pouvait y trouver un nombres impressionnant l’alcools. Vins, liqueurs, bières, rhum, vodka, tequila…Beaucoup de bouteilles entassées là, qui ne demandaient qu’à être vendues et bues. Anna commença à en prendre quelques-unes, délicatement. Bien entendu, ce n’allait pas être elle qui allait consommé ces boissons, elle n’y avait pas le droit, mais uniquement Cole. Elle devait d’ailleurs en acheter plusieurs fois par semaines, vu la quantité qu’il pouvait ingurgiter chaque jour.
Déjà avec cinq bouteilles dans les mains, elle ne pouvait plus en prendre davantage. Elle se tourna vers l’homme et sourit gentiment, une nouvelle fois.

« Euhh…Vous voulez bien me prendre encore deux bouteilles de rhum et trois de vodka ? S’il vous plaît… »

Elle se doutait bien que son comportement devait lui paraître très suspect. Elle se mordilla la lèvre inférieure avant de lui préciser.

« Une soirée à la maison, beaucoup d’invités… »
Premier vrai mensonge. Et à ça, elle n’avait jamais été douée et n'avait jamais aimé. Elle fixa les bouteilles, ne voulant pas qu’il voit dans ses yeux qu’elle-même ne croyait pas à ce qu’elle racontait.